diff --git "a/\303\211dlA/Lexicographie.md" "b/\303\211dlA/Lexicographie.md" index bcfbf4d23ad826329eb8bdd6d58d7a02bf859cca..0fc15c9efab001a36ac4617b4986a6b0236e3473 100644 --- "a/\303\211dlA/Lexicographie.md" +++ "b/\303\211dlA/Lexicographie.md" @@ -39,22 +39,20 @@ Mais à cette seule complexité structurelle s'ajoute une portée conceptuelle extraordinaire, autant pour les dictionnaires de langues que pour ceux de choses, pour suivre la distinction couramment faite. Les premiers, en ayant pour but de définir les mots, constituent un relevé de signes: la vedette qui sert de -clef aux articles représente un signifiant qu'il faut en quelque sorte garder -abstrait à la lecture, son signifié étant apporté ensuite par la définition qui -forme le reste de l'entrée. Les dictionnaires de langue sont ainsi des espaces -isolés de la réalité sensible, les énoncés qu'on y trouve ne portent pas tant -sur le monde que sur le langage lui-même d'après @sinclair_beginning_1966[p.6]. -Le choix du lexique lui-même reflète la façon de parler puisque «la nomenclature -d'ensemble est imposée par l'usage de la langue» [@rey_antoine_2006, p.39]. Les -définitions dans les dictionnaires de chose au contraire donnent «accès au -domaine à décrire», toujours selon @rey_antoine_2006[*ibid*] et, en cela, -concernent davantage le référent des signes. Dans les deux cas le dictionnaire -constitue ainsi en lui-même un «traité métaphysique sur le sens» -[@willinsky_wittgenstein_2001, p.189-190]\: le genre lexicographique intéresse -donc la sémantique la plus abstraite jusqu'à la logique et la philosophie. Le -problème du sens des mots représente un sujet de réflexion vertigineux. -D'Alembert avait déjà compris son ampleur en écrivant à l'article DICTIONNAIRE -(L'Encyclopédie, T4, p.958): +clef aux articles représente un signifiant, son signifié étant apporté ensuite +par la définition qui forme le reste de l'entrée. Les énoncés qu'on trouve dans +les dictionnaires de langue ne portent pas tant sur le monde que sur le langage +lui-même d'après @sinclair_beginning_1966[p.6]. Le choix du lexique lui-même +reflète la façon de parler puisque «la nomenclature d'ensemble est imposée par +l'usage de la langue» [@rey_antoine_2006, p.39]. Les définitions dans les +dictionnaires de chose au contraire donnent «accès au domaine à décrire», +toujours selon @rey_antoine_2006[*ibid*] et, en cela, concernent davantage le +référent des signes. Dans les deux cas le dictionnaire constitue ainsi en +lui-même un «traité métaphysique sur le sens» [@willinsky_wittgenstein_2001, +p.189-190]\: le genre lexicographique intéresse donc la sémantique la plus +abstraite jusqu'à la logique et la philosophie. Le problème du sens des mots +représente un sujet de réflexion vertigineux. D'Alembert avait déjà compris son +ampleur en écrivant à l'article DICTIONNAIRE (L'Encyclopédie, T4, p.958): > \label{dalembert_dictionnaire}un dictionnaire de langues, qui paroît n'être > qu'un dictionnaire de mots, doit être souvent un dictionnaire de choses quand